Un amour sauvé

Ce soir-là Spian se coucha avec la satisfaction du devoir accompli, il avait fait le nécessaire pour réunir les deux amoureux. Le sommeil vint très vite, ce qui est normal car les justes ont la conscience tranquille.

Le lendemain matin, Spian retrouva Sekmeth dans la partie de la taverne qui faisait restaurant, Ils commandèrent un petit déjeuner, des corn-flakes avec du lait chaud et un grand verre de jus d'oranges fraîchement pressées. Ils virent arriver Strange, fraîchement rasé mais avec la tête de quelqu'un qui n'avait pas beaucoup dormi, les deux moines s'entre-regardèrent, ils avaient un sourire entendu sur le visage. Strange leur dit machinalement bonjour, puis alla s'assoir à une table éloignée, il commanda la même chose que les deux compères, il grignota, puis partit comme un zombie, sans avoir terminé son petit déjeuner, chose anormale lorsqu'on connaissait le mage, il était toujours en train de dire que le petit déjeuner est le repas le plus important de la journée.

Sekmeth et Spian étaient étonnés, selon eux Strange n'avait pas un comportement ordinaire. Spian se demanda ce qui s'était passé avec Indochine, en vérité il redoutait de connaître la réponse, il s'excusa auprès de Sekmeth puis quitta la table, il alla au rez-de-chaussée et suivit Strange, il lui laissa beaucoup d'avance car il ne désirait pas que le mage le remarque, cependant sa perception extra-sensorielle semblait déconnectée, comme si Strange était trop préoccupé pour se concentrer, ce qui inquiéta encore plus Spian, si le mage avait été dans son état normal il aurait détecté le moine depuis longtemps.

Strange alla dans la plaine de Ceth, non loin du manoir, et se posta en face de la forteresse afin de collecter des chamallas, Spian se tenait à plusieurs centaines de mètres de là, il s'assit afin d'observer le mage indochinois, c'est alors que tout se déroula très rapidement, le moine vit la bagarre, brève mais intense, quatre hommes étrangement vêtus attaquèrent Strange, lequel semblait avoir la situation en mains lorsque deux individus surgirent et le terrassèrent, un septième homme arriva avec un chariot dans lequel ils bondirent, enlevant le mage indochinois, Spian avait commencé à courir vers son ami pour l'aider, mais tout était terminé avant qu'il put tenter quoique ce soit.

Spian était désespéré, son ami était loin maintenant, soudain il avisa une flèche fichée dans un arbre tout près de là, autour était enroulé un parchemin. Spian retira la flèche et lut la missive :



Il n'y avait pas de signature, Spian examina la flèche, elle ne lui disait rien, mais peut-être que Indochine pourrait lui dire sa provenance, car le moine, qui avait l'esprit toujours en ébullition, avait déjà échafaudé l'hypothèse que cela pouvait être un complot royaliste, cette missive étant un leurre pour détourner les soupçons, il n'avait nulle preuve, mais seulement une intuition.

Quoiqu'il en était il devait vite rapporter à Indochine ce dont il avait été témoin, sa baronne serait effondrée mais ne le montrerait pas, elle agirait en vraie combattante, cette femme avait un mental de fer, Spian espérait que cela lui suffirait, car elle avait déjà perdu un être cher. Il était prêt à soutenir sa baronne, elle avait cru en lui alors qu'il n'était rien, seulement un petit moine sans grand avenir, elle lui avait permis de se renforcer, faire grandir son pouvoir, en l'accueillant dans sa guilde et en lui donnant un toit et des conseils utiles, il lui rendrait tout cela au centuple.
Arrivant à la porte du manoir il s'arrêta afin de reprendre son souffle, car il avait couru le plus vite qu'il pouvait, une fois remis il poussa la lourde porte en chêne, prêt à annoncer la terrible nouvelle.

Strange était toujours dans son cachot, il venait de se relever après qu'on l'ait jeté comme un sac de linge sale dans cet endroit. Pendant un moment il pensa à Indochine, il voulait la retrouver, l'embrasser, lui dire qu'il l'aimait, mais à quoi cela servirait-il si elle le repoussait encore ? A cette pensée il fut envahi par une profonde tristesse, des larmes coulèrent sur ses joues, il ne chercha pas à les retenir car il n'avait plus honte d'être un homme sensible, il était un homme neuf, il ne cachait plus ses émotions à ceux qu'il aimait et il le devait à Indochine. Il se sentit découragé, il était loin de chez lui, la seule femme qu'il avait aimé le rejetait, son sort dépendait du bon vouloir de ses ennemis, pouvait-il y avoir un sort plus misérable que le sien ? Soudain la colère fit place au désespoir :

- Pauvre imbécile ! Elle a dit qu'elle préférait attendre car tout avait été trop vite pour elle ! Vas-tu te conduire en mauviette ? Si c'est le cas tu ne mérites pas son amour !

Galvanisé par cette tirade qu'il avait adressé à lui-même, Strange commença à étudier son cachot, un plan s'échafauda dans sa tête.

C'était l'heure de donner à manger aux prisonniers, Matonhin et Periclès étaient chargé de leur porter leur nourriture, l'un posait le plateau alors que l'autre était prêt à écraser toute velléité de rébellion, à cet effet ils étaient équipés de lances en acier bien trempé de Nedmor, le meilleur à ce que disait le marchand d'armes royaliste, il est vrai qu'elles ne leur avaient jamais fait défaut, des prisonniers auraient pu en témoigner s'ils n'avaient été occis par ces engins de mort. Matonhin commença par le premier cachot, aucun problème, il fallait dire que ce fier guerrier exilé avait été soumis à la question, ce qui en rendait plus d'un docile et doux comme un mouton, ils passèrent au traître à la cause, personne ne devait prononcer son nom, cela était interdit sous peine de se faire trancher la langue, cet homme avait abusé de la confiance de leur bon roi Galoregor, peu importait car maintenant il n'était plus qu'un déchet parmi les déchets, il continuèrent ainsi jusqu'au treizième cachot, celui où le tout dernier prisonnier avait été enfermé, on racontait que ce mage cartellois avait mené une attaque contre des royalistes qu'il avait massacré sans aucun remords. Les deux gardes se regardèrent, ils avaient la même idée, pourquoi ne pas s'amuser un peu avec lui pour voir de quel bois il était fait ? Matonhin ouvrit la porte de la cellule, lorsqu'il eut la surprise de sa vie : Le prisonnier n'était plus là !

Spian sortit de la réunion, il était heureux de voir sa baronne réagir comme une vraie combattante, elle était vraiment très forte, n'importe qui d'autre se serait effondré en entendant une telle nouvelle, mais pas elle.

Il alla directement à la taverne boire un Aventurier avant d'aller se coucher, la journée de demain serait rude, il fallait qu'il se prépare et surtout qu'il ne boive pas trop, cela était déconseillé avant un combat. Après avoir bu son Aventurier, il alla droit vers sa chambre, Il retira sa chemise et fit des exercices de relaxation, puis il médita, tout d'un coup tout ce qui lui était arrivé dans la journée lui revint à l'esprit, Strange, la bataille qu'il avait menée, son enlèvement et enfin lui qui revenait au manoir, il avait rencontré Sekmeth, lui disant de l'aider à réunir tout le monde, il avait bien précisé qu'il s'occuperait d'Indochine lui-même. Il se débarrassa de ces pensées parasites, fit le vide dans sa tête, c'était un exercice difficile étant donné la grande excitation qui l'habitait, mais il était aussi inquiet pour Strange. Il finit par se rasséréner, puis lorsqu'il estima que l'exercice était fini il se déshabilla et se coucha.

Il repensa à son ami, Strange, ce mage avait dû être privé de ses pouvoirs là-bas, à Brosems, Spian savait qu'il existait un mystérieux breuvage qui empêchait tout mage de faire appel à son pouvoir, ce dernier était encore là mais le mage ne pouvait y avoir accès, il se demanda si ce breuvage avait le même effet sur un moine, il secoua légèrement la tête de droite à gauche pour se purger de toutes ces questions. Il finit par s'endormir.

Hedwig avait attendu toute la journée, dormant sur le lit de Strange, elle avait quitté la chambre d'Indochine avec ce dernier, elle n'avait pas compris ce qui s'était passé, ces humains étant on ne peut plus compliqués.

Maintenant la nuit était tombée, voyant que le mage ne revenait pas elle se faufila dans le couloir, et elle aperçut de nombreux soldats, elle reconnaissait certains d'entre eux, comme Pifou. Intriguée elle courut jusqu'à la porte d'Indochine, cette dernière était justement en train d'y entrer, Hedwig se faufila. Hedwig se frotta à la jambe d'Indochine, puis regarda celle-ci dans les yeux :

- Miaouuuu !!!

Indochine pouvait lire l'inquiétude dans le regard de la jeune chatte.

Indochine vit Hedwig, la sentit se frotter contre sa jambe, cela la fit sourire, elle la prit dans ses bras et s'assit dans un fauteuil puis la regarda dans les yeux.

- Toi aussi tu es inquiète ? Ne t'en fais pas on va te le ramener sain et sauf, il est plein de ressources, la magie n'est pas sa seule arme tu sais.

En disant cela Indochine caressait Hedwig, elle espérait que Strange s'en sortirait, mais aussi qu'ils arriveraient à temps pour le sauver, elle ne voulait pas le perdre, était-elle amoureuse ? Probablement, mais elle avait tellement souffert lorsque Antiliès était mort, elle avait peur de renouveler l'expérience. Elle eut une pensée affreuse : Et si Strange mourait, ou était déjà mort ? Elle sentit ses yeux s'emplir de larmes, elle n'essaya pas de les retenir. Elle resta longtemps en train de pleurer tout en caressant Hedwig, puis elle se sentit fatiguée, alors elle alla se laver puis se coucha, le sommeil vint rapidement, entrecoupé de cauchemars, elle y voyait Antiliès se faire tuer, puis il prenait l'apparence de Strange, et c'est à ce moment qu'elle se réveilla en criant, Spian arriva aussitôt, il la réconforta :

- Allons, ce n'est rien, c'est un cauchemar

- Antiliès, Strange ! Je les ai vus morts tous les deux !

- Antiliès est mort, en ce qui concerne Strange rien n'est moins sûr, à ta place j'aurais un peu plus foi en lui.

- Tout est ma faute Spian, je porte malheur, tous les hommes que j'aime finissent par mourir !

- C'est faux ! C'est ce monde, Alidhan, il est en guerre, et nous vivons dans ce monde, c'est ça la vérité. Strange n'est pas mort, tu m'entends ? Rendors-toi avec cette idée en tête.

Indochine se rendormit, mais elle resta hantée par la mort de ses amoureux. Au petit matin elle se réveilla et fut sûre d'une chose : il fallait qu'aujourd'hui Strange soit libéré, elle n'attendrait pas un jour de plus.

indochine traine au lit, pourtant ce n'était pas le jour à trainer. Alors après un peu de courage elle se leva de son lit, se lava, s'habilla sans oublier l'amulette d'Antilies, qu'elle mit autour de son coup.
Une fois sorti de sa chambre elle se rendit à la salle des chevaliers. Ces chevaliers et les deux barons étaient là et l'attendaient.

- Messieurs!!! Aujourd'hui je vous ai demander de me rejoindre pour aider un compagnon d'arme, certainement prisonnier à Brosem. Nous allons nous y rendre. Voilà le plan d'action :
Nous serons organiser en quatre escouades :

• La première escouade, sera composée de Kernox, chef de section. Tu prendras sous ton commandement, les soldat de l'appel de l'aventure ainsi qu'une vingtaine de soldats. Vous rentrerez par l'Est de la ville et penetrerez dans les jardins et sécuriserez le marché.

• La deuxième escouade sera conduis par Pifou. Amène tes guerriers ainsi qu'une vingtaine d'hommes au ports. Prenez les bateaux à vtre disposition et débarquez. Prenez d'assault le port et allez à la prison pour voir qui nous pouvons trouver.

• La troisième escouade sera menez par ridicke. Prend vingt archers et couvre l'approche de la quatrième escouade. Vous placerez dans les arbres tout autour de l'entrée Sud. Communiquez avec les oiseaux comme on va l'a enseigner jadis.

• Je conduirais la quatrième escouade avec les autres indochinois et les derniers hommes. Nous entrerons dans la ville par le Sud couvert par la troisième escouade. Une fois le champ dégagé nous fouillerons les maison une par une.

Chacun des chef d'escouade firent un geste de la tête, puis indochine repris la parole

- Debout cartellois, aujourd'hui le sang coulera, mais ce sang ne sera pas le notre. N'épargnez personne. Vous pouvez disposer. Départ à 11h00

Chacun se levèrent et réunir leurs hommes. Pifou et les siens rejoignèrent les bateaux et partirent les premiers. Les trois autre escouades partirent ensemble.
Il n'y eurent aucun obstacle sur la route. L'armée se sépara à une demi-douzaine de kilomètres de la ville. Kernox et son groupe prirent le chemin qui menait à l'entrée est de Brosem. Ridicke et les siens entamèrent leur crapahutage dans les arbres et se positionnèrent.
indochine et son groupe restèrent à quelques mètres de l'entrée Sud. Elle n'était gardée que par deux gardes, simple à éliminé. Le champ des oiseaux commence, ce qui voulais dire que les escouades de kernox et ridicke étaient prète.
Indochine, tira deux flèches dans la tête de chacun des gardes et cria.

- EN AVANT INDOCHINOIS, A L'ATTAQUE ....

Matonhin et son comparse étaient restés bouche bée, Matonhin tâtait le mur du fond de la cellule, tandis que son collègue était légèrement en retrait, mais dans la cellule. Matonhin se demanda comment on avait pu s'évader d'un endroit aussi exigu, la cellule faisait un mètre cinquante de côté et deux mètres cinquante de haut, soudain Strange se laissa tomber sur Périclès, lequel se trouvait ainsi entre Strange et Matonhin, le mage attrapa le côté arrière-droit du crâne de Périclès avec sa main gauche et de la main droite il agrippa son menton, il fit rapidement tourner la tête du garde en poussant avec la main gauche et en tirant avec la main droite, le mouvement étant vif et rapide, il entendit les vertèbres du garde craquer, le tout avait été exécuté en une seconde. Strange agrippa Périclès qui n'était désormais plus qu'un poids mort et le lança sur Matonhin, lequel fut déséquilibré et embroché par la lance de son ami que Strange avait prise au passage. Strange avisa les clés des cachots qui pendaient à la ceinture d'un des gardes, Périclès. Il regarda sa cellule, son exiguité l'avait bien servi, il avait ainsi pu se hisser quasiment jusqu'au plafond en prenant appui des jambes sur un mur et des mains sur le mur opposé.
Le mage alla ouvrir à tous les prisonniers, la plupart était en piteux état, mais certains pouvaient encore se battre, ce qui rassura le mage indochinois qui avait besoin de renforts dans ce territoire ennemi. Il s'adressa à son armée improvisée :

- Si vous voulez être libres il faudra vous battre, jusqu'à la mort si nécessaire, je ne promets pas que nous en sortirons tous sains et saufs, mais je sais que si nous ne faisons rien nous mourrons de toutes façons.

- Qui êtes-vous ? demanda un des prisonniers.

- Je me nomme Strange et je suis un mage de la Guilde Indochinoise.

Là-dessus il tenta d'utiliser ses pouvoirs magiques, mais la drogue faisait encore son effet.

- Cherchons des armes ! dit-il

Ils allèrent tous dans la salle des gardes, il y avait une dizaine de lances qui y était gardées et autant de glaives, ils furent d'accord pour rester dans la prison pendant la nuit, tuant tous les gardes qui viendraient pour la relève. Personne ne vint, Strange se dit qu'il y avait fort à parier que Matonhin et Périclès faisaient un travail dont aucun autre soldat n'avait voulu. Il fouilla le bureau des gardes et retrouva son amulette ainsi que sa chevalière sur laquelle était dessiné un pentacle au milieu duquel était incrustée une émeraude en forme de flèche.

Vers la fin de la matinée Strange décida qu'ils avaient laissé assez de temps à d'éventuels renforts, ils sortirent de la prison ce fut le branle-bas de combat, quelqu'un les vit et alerta la garde, des soldats arrivèrent et ce fut une bataille acharnée, les prisonniers, déterminés, frappaient dans un seul et unique but : tuer !
La garde fut ainsi décimée, de son côté Strange comptait trois morts et autant de blessés, ce qui ne le rassura pas, soudain il vit une énorme boule de feu qui fonçait sur eux à une vitesse prodigieuse, il sauta sur le côté afin de se mettre à l'abri, mais sa troupe avait les réflexes émoussés par la torture et la malnutrition, ils furent tous tués par cette seule boule de feu. Strange savait que le mage devait attendre 15 secondes avant de pouvoir tirer de nouveau, il le repéra et courut vers lui, il lui asséna un direct du droit à l'estomac, le mage royaliste se courba, un coup de genou le fit se relever et un crochet du droit l'assomma pour de bon, Strange l'acheva avec sa lance, il lui transperça le cœur. Mais ce n'était pas fini, un archer le mettait désormais en joue, il tira, le mage indochinois esquiva la certaines flèches, dévia les autres avec un solide bouclier qu'il avait pris dans la salle des gardes, simultanément il avançait vers son adversaire, lorsqu'il fut à portée il le tua en le transperçant de la lance, l'archer s'écroula.

D'autres archers et mages arrivèrent, ainsi que des moines, Strange pensa que si l'ennemi pouvait être guéri par ses moines cela ne lui faciliterait pas la tâche, surtout que ces derniers étaient plus nombreux que lui, il y avait en tout et pour tout cinq archers et mages ainsi que deux moines. Strange s'empara de l'arc de sa dernière victime et lança deux traits qui firent mouche, les deux moines s'écroulèrent.

- Merci Indochine pour tes leçons, dit le mage avec un sourire.

Pendant ce temps les mages et archers avaient lancé flèches et boules de feu, Strange prit deux boucliers et sauta derrière un épais muret de pierre, il disposa les boucliers de façons à protéger son torse et ses jambes des flèches il sentit plusieurs impacts contre le muret de pierres, il s'agissait des boules de feu.
Il savait que du côté des mages il avait 15 secondes de répit, mais il ignorait ce qu'il en était des archers, il se releva et fonça vers les lances de ses amis morts au combat, les archers, étonnés de le voir en vie, furent lents à réagir, il lança ses armes, les cinq archers tombèrent, certains étaient morts, les autres grièvement blessés, à partir de maintenant il se demanda s'il devait courir vers les mages, mais il ne lui restait plus assez de temps pour les atteindre et les tuer, de plus il n'avait plus de lances à portée de main, seulement des glaives, il en lança un qui embrocha un mage, les autres réagirent et lancèrent leurs boules de feu, Strange courut vers la prison et referma la porte en catastrophe, la prison fut détruite et s'écroula sur lui, mais il s'était protégé avec un bouclier, il put repousser les tas de gravats, il était meurtri mais en vie, il se releva, furieux, il courut vers un arc et lança quatre flèches, elles firent toutes mouche et les mages s'écroulèrent. Soudain, Strange entendit du bruit en provenance du sud, C'est alors qu'une flèche le frappa dans le dos, il se retourna et, par réflexe, envoya un projectile magique qui acheva l'archer qui était mortellement blessé. Il était lui même mal en point, il s'écroula, sa dernière pensée fut pour la femme qu'il aimait :

- Indochine, je suis désolé, je n'ai pas été à la hauteur, je t'aime, en disant ceci il envoya le message télépathiquement.

Et il s'évanouit alors que les forces armées de sa baronne investissaient la ville.

Les alarmes retentirent dans tout Brosem. Des combats avait lieu dans la ville même et sa banlieue. Le premier combat, à l'intérieur même était une rébellion des prisonniers qui fut maitrisée par la garde. Cependant, les entrées Est et Sud de Brosem étaient attaquées par une armée cartelloise. Cette initiative a été prise par Indochine baronne de la guilde indochinoise. Elle organisait cette offensive dans le but de récupérer l'un des siens, prisonnier dans la ville.

- Ridicke, décochez vos flèches pour nous couvrir.

Indochine, fit signe à son groupe d'avancer. Ils entrèrent dans la ville en courant sans se soucier des ennemis qu'ils pouvaient croiser, car ces derniers étaient abattus par l'escouade de Ridicke qui se trouvait dans les arbres au bord de la ville. Indochine et son groupe couraient donc à travers les maisons, abattaient les ennemis qui se avaient le malheur de se trouver à leur portée. Cependant les royalistes avaient quand même de nombreux soldats dans la ville et ces derniers savaient se défendre. Ils abattaient les Cartellois qui trainaient ou bien s'arrêtaient après avoir tiré. Et c'est seulement lorsque Indochine s'arrêta entre deux maisons qu'elle s'aperçut que son groupe avait diminué de moitié. Sur ce coup de surprise, elle réunit tout son groupe, et leur ordonna de fouiller les maisons par groupes de deux. Elle resterait avec Spian et June pour achever les derniers royalistes.
Ridicke et ses archers avaient entamé la phase " Terre Brulée ". A chaque fois qu'un groupe de la quatrième escouade sortait d'une maison, il ordonnait à un archer d'envoyer des flèches enflammées sur cette habitation.

Alors que les royalistes commençaient à reprendre le dessus sur les cartellois, ils durent se séparer car un convoi cartellois était arrivé en bateau et avait pris le port. Tout les guerriers et la moitié des mages se rendirent donc au port pour stopper l'attaque. Ils laissèrent donc une unité de combattants redoutables. Dans cette unité, une partie des soldats de la guilde LCA. Ces derniers étaient terrés derrière une réserve de tonneaux de vin. Ils avaient repéré une partie du groupe de Ridicke, et leurs archers descendaient les archers cartellois d'une flèche par cible. Indochine put voir le massacre s'opérer. Elle invoqua les dieux pour envoyer une pluie de flèches qui alla s'abattre sur les membres de la LCA. Tous moururent sauf un, épargné par les flèches. Lorsqu'il se releva il eut juste le temps d'apercevoir une boule de feu, tirée par magas, qui le calcina. A ce moment précis Indochine ressentit quelque chose, une voix dans sa tête lui parlait.
Le champ était enfin dégagé, ainsi que les maisons du Sud de la ville. Indochine ordonna aux archers de Ridicke de se rendre à l'Est de la ville pour couvrir l'escouade de Kernox.

Kernox et les siens devaient attendre la venue de Rdicke, qui signifiait que les champs était en possession cartelloise. Yaru qui était la plus proche du premier jardin, et aperçut la troisième escouade. Elle prévint Kernox de la venue de leurs compagnons. Un instant après Kernox lança l'assaut, mais ce dernier fut transpercé d'une flèche, ainsi que toute la première ligne cartelloise. ils tombèrent tous blessés ou morts. Les trois moines présents se ruèrent sur eux pour les soigner. Pendant ce temps Ridicke et les siens virent la scène et décochèrent leurs flèches en direction des royalistes. Ces derniers tombèrent les uns après les autres. Kernox blessé mais pas vaincu, se redressa et donna ses ordres à un membre de l'appel de l'aventure. Ce dernier pris le commandement du reste de l'escouade et commença l'attaquer. Les guerriers cartellois avancèrent en formation tortue, tandis que les archers et les mages sortaient de la formation pour jeter une flèche et un sort avant d'y entrer de nouveau. Ainsi, le groupe cartellois sécurisa les jardins. Kernox, deux guerriers et les moines rejoignirent le groupe puis ensemble pénétrèrent dans le marché. Cependant ce fut le groupe de Ridicke qui entra le premier. La place était vide de tout être humain. Cela ne disait rien qui vaille. Les cartellois restaient sur leurs gardes. Soudain alors qu'il avançait, le groupe cartellois fut totalement immobilisé. Ils étaient entourés dans des rayons capteurs créés par les mages royalistes. De ce fait la troisième escouade était totalement sans défense. Les archers ennemis en profitèrent pour leur tirer dessus, à partir des fenêtres.

Au port, la deuxième escouade était intacte. Leur entrée dans la bataille se fit sans problème. Ils purent tuer leurs opposants sans mal avant de débarquer. Les cartellois se réunirent tous à l'entrée du port. Ils furent vite stoppés par les royalistes qui avaient quitté les champs. Le vrai combat pour la deuxième escouade commença donc ...

Le groupe n'avait eu aucun problème à débarquer, mais lorsque le groupe de royaliste arrive, se fut plus corsé. Les combattants ennemis étaient bien entrainés et savaient se défendre. Ils étaient regroupés et bien cachés. La pluspart de leurs tirs faisaient mouche alors que ceux des cartellois étaient rare. Soudain, le ciel s'assombrit. Pifou leva la tête et vit arriver une nuée noire. Il cria alors :

- BOUCLIER

A cet ordre, les cartellois réagissèrent et positionnèrent leurs boucliers afin de se protéger la plupart de leur corps ainsi que les parties inférieur de leur voisin. Les cartellois eurent juste le temps de placer leurs protections, que la nuée leur tombèrent dessus. Des centaines de flèches s'abbataient sur les boucliers mais aussi sur la plupart des royalistes, qui n'eurent pas réagi à temps pour se protéger. Une fois les projectiles tous au sol, la deuxième escouade se remirent au combat. Ils achevèrent les derniers royalistes encore en vie. Au bout de quelques minutes, ils avaient entièrement sécurisé le port. Les dix derniers combattants de la deuxième escouade se rendirent à l'entrée du port où ils furent rejoins par la quatrième escouade conduite par indochine. Dans ce groupe il restait très peu de cartellois. Seul indochine, June, Mikalidor, emeutier, abby, dionysos, spian, magas et trois soldats étaient encore en vie. Sekmeth et alicelovejune avaient rejoins la première escouade pour aider aux combat et aux soins. Les deux escouades se réunirent pour n'en former qu'une avec vingt combattants et se dirigea à la prison.

A ce moment là sur la place du marché, la troisième escouade subissait des pertes terrible. Une quinzaine de membres étaient tombés et les cinq derniers n'allait pas tenir très longtemps. Le groupe de kernox qui était resté en retrait, fit un porte à porte pour anéantir tout les ennemis dans les maisons. Après une bonne demi-heure à tirer dans le dos de leurs ennemis, ils finirent par redescendre au milieu de la place pour la sécuriser. Les deux groupes se réunirent à leurs tour. Ils n'étaient que neuf dont un seul membre de l'appel de l'aventure, les trois indochinois et cinq soldats, dont un grievement bléssé.
La place du marché était maintenant sécurisé. La première et troisième escouade avaient terminés leur travail. Cependant ils refusèrent de rester à ne rien faire alors que leurs amis continuaient de se battre. Kernox pris la décision de prendre avec lui quatre combattants pour allez aidé le groupe d'indochine. Alicelovejune et ridicke restèrent avec deux moines et le soldat bléssé, tandis que kernox, le membre de l'appel de l'aventure et deux autres soldats se dirigèrent vers des ruines de maison.

Avant d'arriver dans la ville les alarmes avaient déjà retentis, cependant ils n'avaient pas été repéré. Ils apprirent pendant le combat que les cartellois retenus en prison s'étaient rebéllés et avait combattu au niveau de la grand place. Le groupe de kernox s'y rendit donc. Après avoir abbatu un mage lvl103 d'un coup d'épée dans le thorax puis dans la colonne, ainsi qu'une guerrierre lvl49 d'une flèche dans l'oeil droit, le groupe fouilla les gravats. Kernox découvrit les premiers corps des prisonniers rebelles. En fouillant une ruine il découvrit une chevalière qui lui était famillière et compris tout de suite à qui elle appartenait.

Hedwig avait suivi Indochine, elle savait que Strange était en danger et qu'il s'apprêtait à se battre contre ses ennemis, elle l'avait senti à travers leur lien psychique, une fois dans la ville de Brosems elle devança les cartellois, les royalistes étaient bien trop occupés à se battre pour faire attention à un simple chat, elle traversa donc les rangs ennemis très facilement, ce d'autant plus qu'elle était très agile et silencieuse.

Soudain elle aperçut un bâtiment en ruines, puis des murs sur lesquels on pouvait voir des traces d'impact. Elle vit aussi des cadavres qui jonchaient le sol, puis plus loin elle aperçut Strange qui baignait dans son sang, il était évanoui et quasi-mort, elle essaya de le réveiller en léchant sa joue avec sa langue râpeuse, mais cela ne le réveilla pas. Il lui fallait retourner vers Indochine, la guider vers le mage, c'était la seule solution.

L'esprit de Strange commençait à quitter son corps, ce n'était pas la première fois qu'il se décorporait, mais cette fois c'était indépendant de sa volonté. C'est ainsi qu'il vit son corps physique baignant dans son sang, agonisant, Strange en conçut une certaine tristesse, non seulement pour lui, mais aussi pour Indochine, la jeune femme allait devoir souffrir de la mort d'un être cher, une fois encore. Il vit Hedwig qui lui léchait le visage, cela le fit sourire, elle était toujours là quand on avait besoin d'elle. Puis, tout disparut, il était arrivé dans une autre dimension, où les esprits attendaient leur passage dans l'au-delà.

Il attendit, lorsque ce fut son tour il traversa et se retrouva en face d'une très belle femme : Hélène, sa défunte femme, elle semblait déçue de ce qu'elle voyait. Elle prit la parole :

- Stephen, ton heure n'est pas encore venue,

- Pourquoi ? Je ne suis pas mort ?

- Non, pas encore, des instances supérieures ont décidé que tu devais vivre, tiens, regarde en bas.

Elle leva la main et Strange vit une scène qui se déroulait dans Brosems, un moine le soignait alors qu'Indochine était penchée sur son corps inanimé.
Hélène s'adressa de nouveau à Strange :

- Ton corps n'est pas encore mort, mais ton esprit s'est résigné un peu trop vite, l'homme que j'ai épousé jadis n'aurait jamais capitulé, es-tu si différent Stephen ? Ne vois-tu donc pas qu'on a besoin de toi ? Je suis heureuse que tu aies de nouveau ouvert ton cœur à une femme, je n'aimais pas te voir culpabiliser.

- Mais, tu es morte par ma faute, cet accident ...

- Nous ne sommes que des pions sur un gigantesque échiquier cosmique Stephen, je suis morte parce que tel était mon destin, tu n'y es pour rien. Maintenant, va la rejoindre.

- Mais, c'est impossible, j'ai traversé le vortex.

- Les dieux m'ont donné le pouvoir de te renvoyer dans l'autre sens, je suis heureuse d'avoir pu te parler. Maintenant, va et vis ta vie !

Strange se sentit repoussé inexorablement, jusqu'à ce que son esprit réintègre son corps physique.

Abby avait accouru avec tous les autres lorsque June les avait appelés, une lueur verte avait permis de retrouver le corps de Strange, celui-ci irradiait littéralement. On avait raconté à la jeune magicienne ce qui s'était passé entre Strange et Indochine, les tavernes sont des lieux propices à la récolte d'informations de toutes sortes et avoir un peu bu semblait délier les langues, Abby buvait peu, ou alors des boissons non-alcoolisées, et elle écoutait beaucoup.

Abby se demanda pourquoi Strange irradiait comme cela, pourtant il n'était pas en contact avec Indochine, se pouvait-il que l'amour de cet homme soit si fort que son pouvoir, à l'approche d'Indochine, ait déclenché le phénomène ? Abby n'était sûre de rien, elle n'aimait pas faire des hypothèses hasardeuses, elle réserva son avis sur cette histoire.

Elle regarda Indochine qui serrait un objet dans sa main, si fort que ses jointures blanchirent, Abby pouvait voir qu'elle avait pleuré. Elle en était là de ses observations lorsqu'elle entendit résonner la corne du Cartel.

Abby tourna la tête vers le son qu'elle avait toujours trouvé fort déplaisant, et elle aperçut Pifou qui soutenait Spian, une flèche plantée dans le dos, elle accourut vers son collègues moine afin de lui administrer ses bons soins.

Spian se réveilla, allongé à terre, une cape lui soutenait la tête, il pensa que c'était sûrement celle de Pifou, Il avisa Abby qui le soignait grâce à une Prière du Sage, il sourit, elle avait fait du chemin depuis sa reconversion, la jeune magicienne était devenue une moniale d'envergure. Il fut réconforté par cette seule pensée.

Il essaya de s'asseoir. Tout tournait encore.

- Ne force pas trop, tu as perdu beaucoup de sang Spian, lui dit Pifou en le soutenant.

Spian se tourna vers lui et le remercia, ce jeune baron était décidément fort serviable, Spian comprit pourquoi la Guildeularoût et la guilde Indochinoise étaient si proches, cela tenait à la nature même des protagonistes, leur caractère, leur façon d'être, ce fut la deuxième pensée réconfortante de la journée, le fait que des hommes tels que Pifou puissent exister réconciliait Spian avec le genre humain.

Abby voulait lui parler, c'était visible, mais elle semblait hésiter, c'est pourquoi Spian prit les devants :

- Tu désires me dire quelque chose Abby ?

Abby se décida à parler à Spian, maintenant que ce dernier semblait l'avoir percée à jour :
- Lorsque j'étais magicienne, Strange me laissait parfois lire ses grimoires, j'y ai trouvé une formule permettant d'accélérer la régénération du sang d'une personne, comme c'est une magie curative je pense qu'en tant que moniale ma maîtrise de ce sort sera plus grande que celle de Strange, j'aimerais essayer de lancer ce sort sur vous.

Spian hésita, non parce qu'il n'avait pas confiance, mais plutôt parce qu'il était surpris, se pouvait-il que cette jeune moniale surpasse Strange en utilisant un de ses propre sorts ? Décidément elle était très douée.

- Vas-y Abby, j'ai confiance en toi.

Abby leva les mains et une lueur verte apparut cette lueur enveloppa Spian, puis disparut au bout d'à peu près dix secondes, déjà le moine sentait que ses forces revenaient bien plus rapidement, il sourit à Abby et la remercia.
Désormais il fallait s'occuper de Strange.

Hedwig n'avait pas eu le temps d'aller chercher Indochine, June l'avait bien trouvé bien avant et alerté Indochine, ensuite les événements s'étaient précipités. La jeune chatte noire avait entendu Indochine :

- Mes amis, c'est terminé. Notre compagnon vient de partir avec ces feuilles et ce vent. Ramassez les blessés et les morts cartellois, ainsi que les armes et rentrons.
June va prévenir l'autre groupe que c'est fini.

Avec ses sens aiguisés de félin Hedwig savait que le mage n'était pas réellement mort, seulement il était tombé dans un profond coma. Seul le mage pouvait s'en sortir, il était le seul à savoir s'il avait réellement assez de volonté pour revenir à la vie.

Hedwig marchait discrètement près du brancard où reposait le corps inerte du mage, elle avait vu bien des horreurs aujourd'hui, des corps brûlés, d'autres atrocement mutilés, comment les humains pouvaient-ils infliger cela à leurs frères ?
Elle en était là de ses pensées lorsque Sekmeth poussa un cri :

- Il a bougé !!!

Hedwig leva la tête vers le brancard, le doute n'était plus permis, Strange revenait à la vie. La jeune baronne étant revenue sur ses pas en courant après avoir entendu le cri de Sekmeth, le mage se tourna vers elle, et lui dit :

- Indochine, l'annonce de ma mort était quelque peu prématurée, tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça

Il avait dit cela en souriant, son sens de l'humour était intact et avait, lui aussi, survécu à cette terrible épreuve, c'était du moins ce que Hedwig pu constater, elle vit Abby qui lançait un sort régénérateur sur le mage. Elle constata que celui-ci voulait se mettre debout, après plusieurs tentatives infructueuses il réussit à se hisser sur ses jambes grâce à l'aide de Sekmeth.

Maintenant, Hedwig pouvait voir les deux amoureux, ils étaient face à face, Strange n'était pas très solide sur ses jambes, mais il était vivant, quant à Indochine, Hedwig put constater qu'elle était stupéfaite, mais il n'y avait pas que cela, les sentiments humains étaient décidément bien complexes, encore une fois Hedwig se demanda quelle serait la réaction de la jeune baronne, allait-elle prendre l'homme qu'elle aimait dans ses bras ? Le fait de faire cela devant ses guerriers l'arrêterait-elle ? Ou bien encore le fantôme d'Antiliès allait-il encore s'interposer ? Bien des questions qui resteraient à jamais sans réponse pour la jeune chatte, cette dernière ayant définitivement renoncé à comprendre les être humains.

Strange et Indochine étaient face à face, le mage plongea son regard dans les beaux yeux verts de l'archère, il aurait pu les contempler indéfiniment, ceux-ci brillaient, car Indochine avait pleuré, il constata que son beau visage avait des marques de coups, lesquelles étaient à peine recouvertes par la suie provenant des chaumières qui avaient brûlé, de la poussière recouvrait entièrement sa tunique, tout montrait qu'elle s'était battue afin de venir à son secours. Il était lui-même assez mal en point, ses vêtements étaient déchirés par endroits, il était recouvert de poussière de la tête au pied car après qu'il se soit écroulé les ruines de la prison qui tenaient encore s'étaient écroulées sur lui, il se sentait fatigué, une fatigue due au manque de sommeil et à une grosse perte de sang. Le mage finit par en conclure qu'Indochine et lui faisaient la paire.

Il commença à lui caresser doucement son beau visage en faisant attention d'éviter les zones un peu trop sensibles. Elle avait l'air surprise et soulagée à la fois. Il avisa ses yeux rougis par les larmes et lui demanda :

- C'était pour moi ces grosses larmes ?

Indochine se jeta dans les bras de Strange, pleurant de joie, peu lui importait ce que pouvaient penser ses hommes, l'amour de sa vie était sain et sauf, cela seul importait. Strange flageola sur ses jambes, encore faible, son fidèle ami, Sekmeth, était prêt à le soutenir si jamais il tombait, mais Strange avait recouvré de nouvelles forces qu'il puisait dans l'amour qu'il ressentait en ce moment. Les deux combattants indochinois se regardèrent dans les yeux, puis ils s'embrassèrent passionnément, une lumière verte jaillit et les enveloppa, son intensité allant crescendo à un tel point que sa vue devint insoutenable au commun des mortels, seuls d'autres amoureux pouvaient regarder cette flamme verte qui semblait les consumer lentement, comme Bixe et June.

June regarda sa baronne, ainsi que son ami, elle les trouvait bien appariés, bien sûr il y avait une différence d'âge entre eux, cependant ce n'était pas cela le plus important, mais le fait qu'ils éprouvaient un même sentiment sincère et mutuel, une petite larme de joie coula sur sa joue, elle serra plus fort la main de Bixe.

Lorsqu'ils finirent par se séparer, Indochine et Strange se regardèrent, avec ce regard que seuls peuvent avoir les amoureux, comme si on voyait l'autre pour la toute première fois.

- Ne me refais jamais une frayeur pareille !

C'était Indochine qui venait de parler, Strange comprit à quel point elle avait souffert lorsqu'elle l'avait cru mort, il lui répondit :

- Je ne te quitterai plus, c'est promis.

Mais en disant cela il se demanda s'il pourrait tenir sa promesse, il était pourtant de bonne foi, mais les aléas de la guerre pourraient le faire manquer à sa promesse, il regarda Indochine dans les yeux et vit qu'elle en était consciente. Mais ils devaient profiter de l'instant présent et de tous les autres moments de bonheur qui s'offriraient à eux à l'avenir, cela seul leur permettrait de supporter cette guerre qui semblait interminable.

Indochine prit la parole, s'adressant à ses troupes :

- Rendons grâce aux dieux, car notre camarade indochinois nous a été rendu, accueillons comme il le mérite !

Ils laissèrent tous éclater leur joie de revoir leur amis, que ce soit les alliés ou bien les simples fantassins, Strange ne se savait pas si populaire, il en parut troublé, il laissa les vivats aller decrescendo, puis leva les bras et déclara :

- Mes amis ! Nous sommes tous morts de fatigue !

A cette phrase, apparemment anodine ils se mirent tous à rire, le mage continua :

- Alors, rentrons vite chez nous pour nous reposer, nous le méritons bien !

De nouveau il fut applaudi, ils étaient tous d'accord avec lui, ils avaient tous perdu des camarades de combat, des amis dans cette grande bataille, il était temps que chacun rentre pour panser ses blessures.
Strange sentit qu'on lui prenait la main, c'était Indochine, elle lui dit :

- Maintenant allons-y, le manoir nous attend.

Le mage sentit quelque chose se frotter contre ses jambes, il baissa les yeux et vit Hedwig, il sourit, puis il se tourna vers Indochine :

- Tout le monde est là, en avant.

Et la troupe reprit le chemin du manoir.

Georges, leur barman/cuisinier était en train de courir après Thomas dans leur grand jardin, son apprenti, une poêle à la main, il vociférait et était tout rouge :

- Ane bâté ! Tu ne serais même pas capable de faire cuire des pâtes ! Que mangeront-ils à leur retour ?

Strange regarda le spectacle et déclara :

- Heureusement qu'il ne m'a jamais vu faire cuire des pâtes, dit-il en souriant.

Indochine et Strange se tournèrent mutuellement l'un vers l'autre, leurs regards se croisèrent, et alors ils éclatèrent de rire, leur fou-rire dura au moins cinq longue minutes, la journée avait été tellement riche en tragédies de toute sorte qu'ils avaient besoin de cela, sinon leurs nerfs n'auraient pas tenu.
Ils se retournèrent, et virent leurs troupes et alliés jouir du spectacle, pouffant de rire eux aussi.
Entretemps, Georges et Thomas avaient tourné leur regard dans leur direction, la vue des indochinois et leurs alliés les avait calmés. Strange avança vers eux et dit :

- Georges, ne sois pas si dur avec notre jeune ami, il a tout à apprendre ... y compris faire cuire des pâtes.

Il avait un air hilare en disant cela, qui eut cru que cet homme avait frôlé la mort quelques heures auparavant ? Mais le mage savait que ces batailles incessantes constituaient leur quotidien sur Alidhan et il l'avait accepté depuis longtemps.
Il se tourna vers sa bien-aimée, ses alliés et amis, ainsi que les fantassins constituant l'armée régulière des indochinois, puis son regard se tourna de nouveau vers Indochine, et il dit :

- Maintenant il est l'heure de manger et se reposer, nous l'avons bien mérité.

Strange ne doutait pas que leur cuisinier avait préparé un véritable festin en leur honneur, il voyait toujours les choses en grand, le résultat étant que même les maladresses de son apprenti ne pouvaient le prendre de court. Ils allèrent se laver et se changer avant le repas, une fois qu'ils furent plus présentables ils descendirent à la taverne qui faisait aussi office de restaurant.
Là encore Georges ne déçut pas Strange, le dîner était succulent et tout le monde se régala, faisant honneur à la cuisine de Georges. Indochine et Strange étaient assis l'un en face de l'autre à leur table, plus petite que les autres et située dans une alcôve, ils étaient éclairés par une simple chandelle, ce qui rendait ce tête-à-tête très romantique. Chacun savait que la table en question leur était réservée, et personne d'autre ne l'avait utilisée. Bixe et June s'étaient installés dans une alcôve identique, non loin de là. On était très loin des batailles d'Alidhan et des morts qu'elles impliquaient, ce soir la romance reprenait ses droits.